Vous parler de mon fils
Philippe Besson
Insensibilité, jeu, sadisme, inconscience, la cruauté de certains enfants est connue. La cour d’école, relayée par les réseaux sociaux, est le lieu où elle s’exprime le plus naturellement. Les bourreaux ne sont pas les seuls coupables. Non moins grande est la responsabilité de ceux qui assistent et jouissent du martyre d’un enfant persécuté, de ceux qui n’osent pas intervenir, mais aussi celle des parents des bourreaux. Philippe Besson n’invente rien et ne fait que traduire une réalité. Ce que l’auteur décrit est tristement banal. Philippe Besson sait trouver les mots pour décrire l’insupportable douleur, le désarroi, le sentiment d’impuissance des parents face à la souffrance, puis à la mort de leur enfant. Il montre aussi combien le système scolaire français peut-être défaillant. Un système défaillant parce qu’il tend à encourager ceux qui ont la responsabilité de la sécurité de nos enfants à ne rien faire, ou presque rien, pour protéger ceux qui sont victimes de harcèlement. Alors, comme ceux qui participent à la marche blanche en souvenir d’Hugo, l’enfant martyre du roman de Philippe Besson, c’est à nous, c’est à vous, de faire en sorte de pallier la faillite d’un système scolaire, en faisant inlassablement comprendre à nos enfants et nos petits enfants qu’ils ont tout à gagner à respecter l’autre, même si il est différent.
Pierre-Pascal Bruneau
Le Temps Retrouvé (Amsterdam)


Dans les plis du drapeau
Frédéric Casotti
Le roman s’ouvre en 1980, dans un tribunal, un homme attend la sentence : ce sera vingt ans de réclusion. Pourquoi ? Il faut pour comprendre remonter l’histoire, qui s’inscrit dans l’Histoire. Le personnage essentiel est Antoine Ettori, jeune homme corse engagé d’abord dans le maquis, puis dans l’armée et envoyé en Algérie. On connait les événements de cette guerre qui ne fut, longtemps, que « des événements ». Devenu sous-lieutenant, Antoine se met au service du fameux « quarteron de généraux à la retraite ». Puis, il rejoint l’OAS. Nous voilà en 1978, le docteur Rober Féblart est retrouvé violemment assassiné dans son cabinet. Il a, lui aussi, des liens avec l’Algérie… Frédéric Casotti noue et dénoue les fils de la narration, jouant avec brio avec la chronologie, et embarque le lecteur dans un roman historico-politico-policier ! Dans un style fluide et élégant, l’auteur décrit aussi bien les paysages qu’il analyse les personnages. Le lecteur se voit plongé dans la France de cette époque et comprend combien ce conflit, qui a encore des répercussions actuellement, a marqué les deux pays. Un très bon premier roman !
Véronique Fouminet
Le Temps Retrouvé (Amsterdam)
La mer est un mur
Marin Postel
D’un côté, les insulaires, les natifs. De l’autre, ces vacanciers qui débarquent au gré des saisons, imitant, le temps d’un été, le quotidien des premiers. La manche sépare l’île du continent, creuse une frontière entre les Hommes. C’est celle-ci qu’Antoine tente de passer en se rapprochant d’un groupe de jeunes qui grandissent au rythme de la houle. Dans ce premier roman, Marin Postel sert le point de vue d’un adolescent qui voit son grand frère changer, partir en guerre contre ses parents et se construire en dehors du chemin qui lui était tracé. La mer est un mur nous livre des personnages de tous âges confrontés à l’amour, aux désillusions et aux difficultés de l’adolescence. Portée par un style poétique et réaliste, l’intensité monte au fil des étés jusqu’à atteindre un point brûlant et emporter tout le monde, lecteur compris, dans sa vague.
Montse Porta
Llibreria Jaimes (Barcelone)


Fantasia : Contes et légendes de l’intelligence artificielle
Laura Sibony
Si l’IA vous dépasse, si vous n’avez pas envie de vous farcir un essai trop technique, n’hésitez pas à plonger dans ces contes, vous en sortirez avec les clés de ce monde fascinant et inquiétant de l’intelligence artificielle. Fable, conte philosophique, dernières avancées technologiques, écologie de l’IA, tout y est. Au lieu de s’appuyer sur un discours théorique, c’est à travers des dizaines d’histoires qu’elle nous permet de saisir au mieux ce qu’est l’intelligence artificielle – et ce qu’elle n’est pas. Ce qu’elle peut changer – et ce qu’elle ne pourra jamais changer. Ce qu’elle promet – et les promesses qu’elle n’arrivera pas à tenir. Loin de se limiter aux aspects techniques, Laura Sibony nous emmène dans les coulisses de la Silicon Valley et nous transporte au Kenya, chez les éboueurs de l’IA. Fantasia, ce sont des textes aussi drôles que pédagogiques, un voyage pour comprendre l’objet de nos fantasmes et de nos craintes les plus profondes : l’intelligence artificielle. Laura Sibony est pédagogue, et elle a travaillé pour Google Arts & Culture avant d’enseigner l’IA dans les grandes écoles.
Montse Porta
Llibreria Jaimes (Barcelone)
Dix versions de Kafka
Maïa Hruska
Quand traduction rime avec transmission. Pour ces dix auteurs, propager, diffuser la littérature de Kafka était une nécessité, doublée d’une urgence, dans des pays menacés par la guerre et la censure. Ce brillant ouvrage n’est pas qu’un essai sur la traduction. En plus d’aborder des notions telles que la justesse de l’interprétation, ou bien le rapport entre la langue choisie et le propos tenu, Maïa Hruska sonde la question de l’identité, au travers de ces onze écrivains aux destins singuliers, tous déracinés, meurtris ou traumatisés. Dix versions de Kafka est une page d’histoire, une leçon de littérature, une réflexion sur la propriété, un émouvant témoignage, qui touche autant les amateurs que les curieux.
Laurine Vieira
Librairie La Page (Londres)


La version qui n’intéresse personne
Emmanuelle Pierrot
Sacha quitte Montréal pour aller vivre à Dawson, une petite ville recluse au Yukon, dans le Nord canadien, là où la neige aveugle, les solstices émerveillent et le froid vous gèle le bout des doigts. Tout tend à croire qu’elle pourra y vivre une vie anticonformiste, indépendante, anarchiste, en dehors des normes, comme elle le souhaite. Mais on se rend bien vite compte que malgré ses idéologies libertines, les mœurs de la société face aux femmes la rattraperont. La version qui n’intéresse personne c’est cette voix qui n’est pas prise au sérieux, cette solitude qui en résulte et cette aversion que subissent les femmes qui veulent vivre une vie anticonformiste. Un roman québécois poignant, qui éveille notre sens de la justice.
Frédérique Dessureault-Aubry
Librairie La Page (Londres)
Mon vrai nom est Elisabeth
Adèle Yon
En vieillissant, une femme se questionne sur sa propre sanité. Consciente des troubles psychiatriques ayant atteint son arrière-grand-mère Betsy, elle décide d’investiguer. Au travers d’entrevues avec les membres de sa famille, de conversations, de ouï-dire, mais aussi de lettres échangées entre Betsy et son mari André, elle retrace les racines de cette peur de la folie, mais déballe également un véritable trauma générationnel ayant impacté toutes les femmes de sa famille. Mon vrai nom est Elisabeth est un roman exposant la fine ligne entre la folie et la colère, dénonçant les abus de pouvoir des autorités médicales de l’époque, et démontrant l’impact que le passé de nos aïeux peut avoir sur notre présent. Une recherche nous rappelant la fragilité de la quiétude des femmes.
Frédérique Dessureault-Aubry
Librairie La Page (Londres)

À propos

Amsterdam
Le Temps Retrouvé a été créée en septembre 2014. La librairie est située au 529 Keizersgracht, dans une vieille demeure du XVIIe siècle, au cœur du quartier historique d’Amsterdam. Librairie générale, Le Temps Retrouvé est la seule librairie exclusivement française des Pays-Bas. Elle offre un large choix de romans, nouveautés et classiques, bandes dessinées et romans graphiques, essais et biographies, policiers et littérature de l’imaginaire et poésie. Une pièce entière est consacrée à la littérature jeunesse. Le Temps Retrouvé, en association avec la fondation l’Échappée Belle, et avec le soutien de l’Institut français des Pays-Bas, organise de nombreuses rencontres avec des auteurs français.

Londres
Depuis 1978, la librairie La Page permet à tous les francophiles de Londres de trouver des livres en français au cœur du quartier de South Kensington. Repaire de culture et d’histoires, la librairie s’est développée en 2015 en agrandissant sa surface de vente et en s’ouvrant à la vente en ligne pour répondre aux besoins des clients dans tout le Royaume-Uni. Ayant à cœur de mettre en lien les éditeurs, les auteurs et les lecteurs, la librairie La Page œuvre à une coopération renouvelée avec les Institutions francophones locales, notamment l’Institut Français, dans la promotion de la littérature francophone et des traductions de l’anglais.

Barcelone
Llibreria Jaimes a été fondée en 1941 par Jaume Arnau Pericàs, imprimeur de profession et fils d’imprimeur, et son épouse Isabel. Leur amour des livres les a amenés à ouvrir la librairie alors qu’ils se trouvaient en pleine période d’après-guerre. Avec la proximité du Lycée Français et le contact constant avec les directeurs, les enseignants et les élèves, cela les a amenés à commencer à importer et à vendre des livres scolaires et de lecture de cette école.
Partenaires
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