Bourses d’excellence : entretien avec Marlijn van Nuenen, diplômée des Gobelins à Paris

Entretien avec Marlijn van Nuenen, réalisatrice néerlandaise diplômée des Gobelins à Paris et titulaire d’une bourse d’études Descartes en 2018.

Réalisatrice néerlandaise et titulaire d’une bourse d’études Descartes de l’Institut français des Pays-bas en 2018, Marlijn van Nuenen a suivi un master aux Gobelins, l’école de l’image à Paris. En 2020, son film de fin d’études La Bestia remporte l’Annie Award du meilleur film étudiant à Los Angeles.

Peux-tu nous raconter ton expérience aux Gobelins ?

« Suivre des études aux Gobelins a été une expérience très particulière. Cette école est une des meilleures écoles d’animation au monde, je ne m’attendais donc pas à être acceptée. Néanmoins, j’ai été retenue et j’ai pu partir à Paris pour suivre un master de deux ans. Une fois sur place, j’ai remarqué que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre, car les autres étudiants avaient des compétences très développées dans l’animation et le dessin. Par conséquent, j’ai dû travailler beaucoup après les cours et pendant le week-end, afin de suivre le niveau. Mais grâce à cela, j’ai appris énormément de choses au fil de ces deux années. »

As-tu suivi un des 1300 parcours en anglais proposés dans l’enseignement supérieur français ? 

« Je n’étais qu’avec des étudiants internationaux dans ma classe, par conséquent tout l’enseignement était en anglais. C’était drôle, car beaucoup de professeurs étaient des professionnels du secteur et j’étais surprise par le fait que beaucoup d’entre eux se sont excusés pour leur maîtrise de la langue anglaise, tandis que tout le monde parlait très bien anglais. »

La France est le troisième pays le plus influent au monde dans l’industrie de l’animation, avec Paris comme épicentre. 

Pourquoi as-tu choisi la France pour poursuivre tes études ?

« La France est le troisième pays le plus influent au monde dans l’industrie de l’animation, après le Japon et les États-Unis, avec Paris comme épicentre. Au cours d’un précédent échange Erasmus en France j’ai pu témoigner de cela, et j’ai souhaité y retourner pour vraiment m’y plonger. J’ai l’impression que l’industrie de l’animation française est très diverse et dynamique et, donc, accueillante. Comme Paris est la capitale de la culture, avec d’innombrables musées, cinémas (d’art et d’essai), théâtres, il y a toujours une nouveauté à écouter ou à voir – ce qui me donne beaucoup d’inspiration. »

Peux-tu nous expliquer l’idée de ton film d’études La Bestia ?

« L’histoire du film est fondée sur un phénomène mexicain réel. Au Mexique, il y a un réseau de trains à travers tout le pays, du Sud au Nord. Ces trajets sont utilisés de façon clandestine par des immigrés d’Amérique du Sud et centrale, pour arriver à la frontière des États-Unis. Ce voyage est très dangereux ; des gens tombent du train et perdent des membres ; il y a des bandes et des trafiquants actifs ; le train traverse notamment des terrains sauvages (par exemple le désert). C’est pour cette raison que le train est nommé La Bestia, ou la bête, car de nombreuses personnes n’ont pas survécu à ce voyage qui représente une partie atroce de l’humanité. En transformant le train en une vraie bête qui attaque ses passagers, nous avons voulu renforcer cette idée. » 

Ce court-métrage a été réalisé par une équipe de réalisateurs issus de différentes nationalités. Cet aspect a-t-il eu un impact dans votre projet ? 

« Il a été très intéressant de travailler avec des personnes issues d’autres cultures (Pays-Bas, Inde et Mexique), car chacun possède sa propre manière de penser. L’idée initiale est venue de mon camarade de classe Mexicain. Personnellement, je ne connaissais pas ce concept ; mais j’étais tellement intéressée que j’ai accepté de collaborer afin de développer cette histoire pour la rendre visible. Pendant le processus du développement de l’histoire et les visuels, nous avons vérifié toutes les informations avec lui, afin de garantir l’authenticité du film, car l’objectif était de rester proche de la culture mexicaine. Ma camarade de classe indienne et moi pouvions avoir un regard extérieur sur le projet, quand certains éléments risquaient d’être confus pour un public non-mexicain. Cependant, c’est aussi une histoire qui aborde des thématiques universelles, comme l’immigration et la réalisation des rêves, que tout le monde peut comprendre. »

Quels sont tes prochains projets ? Aimerais-tu rester en France ? 

« Actuellement, je travaille à Paris dans un studio d’animation ; ce qui me plaît beaucoup, mais à vrai dire je ne suis pas attachée à un lieu fixe. Je suis notamment à la recherche d’un projet animé et amusant sur lequel je peux travailler tout en développant mes propres projets. Cela n’est pas lié à une ville ou un pays en particulier, donc on verra bien où finira mon chemin. En tout cas, Paris me plaît toujours très bien, donc ce n’est pas une punition d’être ici. »


À propos

Les bourses d’excellence Descartes et Van Dongen de l’Institut français des Pays-Bas apportent une aide financière aux meilleurs étudiants diplômés de l’enseignement supérieur néerlandais qui souhaitent faire un master ou un stage de recherche en France.

Biographie

Marlijn van Nuenen est animatrice de personnages 2D/3D et généraliste 3D des Pays-Bas, actuellement basée à Paris. Après avoir travaillé dans le domaine de l’animation pendant quelques années, elle a fait ses valises pour poursuivre un master en animation de personnages et réalisation de films d’animation aux Gobelins.

Informations

  • Entretien : Marlijn van Nuenen
  • Programme : Bourses d’études Descartes
  • Établissement d’enseignement supérieur français : Gobelins – École de l’image
  • Ville : Paris
  • À découvrir : La Bestia (2020)
  • Site : www.marlijnvannuenen.nl
  • Avec le soutien de : Institut français des Pays-Bas
  • Photo : © Marlijn van Nuenen