Diplômée des Beaux-Arts de Nantes en 2019, Chloé Malaise est une artiste pluridisciplinaire qui, à travers l’installation, la performance et la création d’outils sonores, explore les potentiels du bruit pour questionner nos rapports aux architectures et technologies. Inspirés par l’esthétique de la science-fiction, ses projets interrogent le techno-positivisme dominant tout en stimulant l’utopie d’un monde techno-actif. Son travail a été présenté en France et à l’international, notamment aux Piksel Festival, LUFF Festival, Pure Data Convention et Electric Nights.
Projet de résidence
Au cours de sa résidence à Willem Twee Studios (1er au 30 avril 2025), Chloé Malaise a poursuivi le développement de Quantum Théory, un projet d’album qui explore la dynamique de l’amplification et la transformation du bruit électromagnétique produit par les objets technologiques de notre quotidien pour créer des espaces sonores immersifs.

Entretien avec Chloé Malaise
Pourquoi avoir choisi de faire une résidence aux Pays-Bas ?
« Ce qui m’intéressait surtout, c’était le lieu d’accueil de la résidence, d’autant que le réseau de festivals mêlant art et création sonore aux Pays-Bas est impressionnant. Le lien entre la musique, l’art et les autres formes d’expression y est beaucoup plus intégré qu’en France, où les mondes artistiques tendent, je trouve, à être plus séparés – danse, théâtre, musique et arts contemporains ne se côtoient pas aussi facilement. »
Quels institutions, festivals et artistes t’ont particulièrement marquée durant ta résidence ?
« Ce qui m’a particulièrement marquée aux Willem Twee Studios, c’est la richesse humaine et pédagogique de l’équipe des studios. Ce sont des personnes aux approches différentes et vraiment complémentaires. Par exemple, Hans (membre de l’équipe de Willem Twee Studios) incarne une forme de poésie de l’accident, une manière très intuitive et sensible d’aborder la création. Rikkert (membre de l’équipe de Willem Twee Studios) est quant à lui toujours disponible pour échanger et nous offrir ses apports techniques et logistiques, il connaît aussi très bien le tissu culturel de son pays. Armando (membre de l’équipe de Willem Twee Studios), lui, a apporté une approche plus pédagogique, indispensable dans un environnement aussi technique que les Willem Twee Studios. Enfin Tim (membre de l’équipe de Willem Twee Studios), qui a rejoint l’équipe plus récemment, a su nous mettre à l’aise avec des outils qu’il venait lui-même de mettre en place au studio 3. Ce qui rend cette expérience si enrichissante, c’est justement cette diversité d’approches, portée par une même volonté de transmission. On ne reste pas enfermé dans une seule école de pensée : au contraire, on est exposé à une pluralité de visions, toutes animées par une même générosité et un véritable engagement. Pouvoir varier les approches en fonction des jours, c’est quelque chose d’indispensable quand on passe un mois entier dans un studio. »
Comment ton projet artistique a-t-il évolué au cours de ta résidence ?
« Mon point de départ était de travailler à partir de matières sonores que j’avais apportées — notamment des captations de champs électromagnétiques réalisées en ville — et d’explorer comment produire des matières sonores dérivées à l’aide des instruments présents sur place. J’ai pu tester des principes d‘enveloppe following, qui permettent d’activer le paramètre de synthétiseurs en suivant l’amplitude des sons captés.
Travailler avec des outils analogiques m’a profondément marquée : dans un environnement numérique saturé de plugins et d’automatisations, revenir à une manipulation physique du son — où l’on sculpte, où l’on fait circuler un signal dans un autre — a été rafraîchissant. J’ai pu reprendre les bases de la synthèse analogique que j’avais jusqu’à présent appréhendé seule et partiellement à travers mes productions analogiques. J’avais également postulé à cette résidence avec l’objectif de composer, une activité que je pratique rarement, car ma démarche est principalement axée sur le live et l’improvisation. Ne venant pas du conservatoire, je n’avais jamais pris le temps de m’immerger dans des temps de travail et de réflexion sur ma composition. Ici, grâce aux documents mis à disposition et aux échanges avec les membres du studio et Léa (autre artiste en résidence du Nouveau Grand Tour NL) — qui, elle, a suivi un cursus au conservatoire — j’ai pu découvrir de nouvelles manières de structurer mes idées. Cela m’a donné des clés et des pistes pour affiner mes intentions pour la suite. »
Pourquoi as-tu souhaité réaliser une résidence dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL ?
« Ce que j’ai trouvé particulièrement précieux dans ce modèle, c’est la liberté qu’il offre. On arrive avec une idée, un projet de départ, mais on a le temps — et surtout le droit — de le voir se transformer. Mon projet a bien évolué, et aujourd’hui, j’ai hâte de retourner dans mon studio pour voir comment cette expérience va influencer ma manière de travailler. À mon retour grâce à ce que j’ai appris je pense me permettre de me donner plus de temps et de patience pour appréhender plus en profondeur les outils que j’ai déjà. Ce que je retiens surtout, c’est que cette résidence m’a offert des outils pour la suite. Elle m’a permis de repartir avec des matières sonores nouvelles que je pourrai réutiliser dans d’autres projets, mais surtout de questionner mes méthodes de composition, de recherche sonore et d’enrichir ma réflexion. »
Partenaires
- Coordonné par : Ambassade de France aux Pays-Bas, Institut français NL, France-Nederland Cultuurfonds
- Crédits photo de couverture : Otomoto


