Hartslag #35 : l’exposition «The Sound of Fabrics» au PuntWG à Amsterdam  

Notre hartslag #35 vous propose de découvrir l’exposition « The Sound of Fabrics », présentée par la curatrice française Camille Velluet, qui réunit notamment le travail de plusieurs artistes français, à PuntWG à Amsterdam, du 30 juin au 22 juillet 2024.

Avec sa nouvelle exposition « The Sound of Fabrics », présentée à Amsterdam du 30 juin au 22 juillet 2024, le PuntWG propose de redécouvrir le tissu sous toutes ses coutures. Cette exposition, présentée par la curatrice Camille Velluet, rassemble quatre artistes qui ont choisi le textile comme l’un des supports de leur création en s’inspirant de pratiques artisanales réhabilitées et réinterprétées, telles que le tissage, la couture, la broderie ou encore la peinture sur tissu.  

Le matériau central, le tissu, se fait le point de départ de questionnements tant personnels que sociétaux, et est autant le support de réflexions artistiques que chargé d’une symbolique qui lui est propre, celle du domestique, du travail invisibilisé et des traditions populaires. S’il est le fil conducteur de cette exposition, sa versatilité a permis aux artistes exposés de se l’approprier et d’en montrer les différentes facettes.  

Camille Velluet 

À la suite de son parcours académique, qui s’est clôturé avec un diplôme de l’École du Louvre en 2019, Camille Velluet s’est insérée dans le champ des pratiques curatoriales avec son premier collectif, « Espace Projectif », fondé dès 2019. Le collectif organise notamment l’exposition « Un plus grand lac » aux Magasins généraux de Pantin, une première expérience dans la promotion d’artistes émergents qui fait naître une vocation qui se confirmera grâce à son passage au Palais de Tokyo, au Salon de Montrouge et au FRAC Ile-de-France. Cette vocation se matérialise dès 2020 dans la co-fondation, aux côtés de Sarah Lolley, du collectif curatorial « Emploi fictif » puis en 2022 de la création du « Club Invisible », à l’origine de soirées de performance dans plusieurs villes de la couronne parisienne.  Depuis, elle a participé au commissariat de plusieurs évènements, tels que le festival Ex-Vitro et les expositions organisées dans son propre espace d’exposition, le « Nonono ».  

Cindy Bannani

Cindy Bannani

Cindy Bannani, diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Grenoble en 2018 et de l’École d’Art de Berne en 2020, a fait du tissu un moyen d’exploration de son héritage familial, ancré dans la mémoire partagée des minorités. Par la voie de la création artistique, mais aussi par celle de la recherche, elle se penche sur les problématiques liées au langage et aux imaginaires collectifs. Elle a ainsi étudié les glissements sémantiques du terme « beurette » de 1983 à nos jours, des travaux pour lesquels elle a reçu la Bourse des arts plastiques de la Ville de Grenoble en 2019. Dans la continuité de ses recherches, Cindy Bannani a effectué de novembre 2022 à mars 2023 une résidence au Magasin CNAC, au terme de laquelle elle a présenté sa première exposition « Les 35 et les 99 965 autres », en référence à la marche contre le racisme de 1983.  

Pour l’exposition « The Sounds of Fabrics », Cindy Bannani a choisi d’exposer une composition en cinq tableaux, intitulée « Il était (encore) une fois » inspirée de la tradition islamique des miniatures. Ces cinq peintures sur coton retracent le déroulé des évènements ayant mené aux manifestations de 2005 ; un récit par le biais duquel elle aborde les thématiques du racisme systémique, des violences policières et de l’invisibilisation des banlieues françaises.   

Laura Dubourjal  

Laura Dubourjal  

Au travers de son travail, au croisement entre l’art plastique et la mode, Laura Dubourjal interroge son rapport à la performativité de nos interactions ; ses questionnements s’inscrivent dans l’examen de son histoire familiale puisque Laura Dubourjal a grandi dans une famille d’acteurs. Tout en se saisissant de nouvelles problématiques, liées notamment à la socialisation genrée et à l’écoféminisme, elle se réapproprie les dynamiques et références qui ont façonné son enfance. Elle puise ainsi dans les techniques du théâtre classique et de la narration visuelle pour matérialiser ses souvenirs émotionnels et ses questionnements politiques. Le tissu, à la fois en tant que support artistique et en tant que véhicule d’une mémoire du travail domestique des femmes, est devenu l’un des médiums centraux pour porter les thématiques qui traversent le travail de Laura Dubourjal. Celui-ci a ailleurs déjà été exposé aux Pays-Bas à plusieurs reprises : lors de la Amsterdam Fashion Week, à Oude Kerk (Amsterdam) ou encore à la KunstRAI Art Fair. 

Dans la galerie PuntWG, Laura Dubourjal a créé une installation faisant écho à un décor domestique ; celle-ci est composée d’une table en bois revêtue d’une nappe blanche parcourue de broderies florales et végétales, rappelant le savoir-faire historique et invisibilisé des femmes tant pour la couture et la broderie que pour la connaissance des plantes médicinales.  

Aurélien Lepetit 

Aurélien Lepetit 

Cet artiste lyonnais installé à Amsterdam s’est fait connaître notamment pour son travail artistique des matériaux, lequel allie des techniques ancestrales et une approche revisitée et renouvelée de l’artisanat. Sur ses sculptures et installations, on peut ainsi observer du tissu tufté à la manière de fibres musculaires endommagées ou encore des sculptures en verre soufflées à la main et montées sur des équipements sportifs en acier. Ces alliages aussi surprenants qu’impressionnants sont un terrain d’expression sans limite pour l’artiste, qui s’en saisit pour interroger des dynamiques à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines, telles que la capitalisation du corps ou la fatigue numérique. Les œuvres d’Aurélien Lepetit ont déjà été exposées plusieurs fois aux Pays-Bas, à l’Appel Art Center d’Amsterdam et au Nieuwe Instituut à Rotterdam, mais aussi dans des musées étrangers, tels que le Kunsthall de Zürich (Suisse) et la NN Galeria de La Plata (Argentine).  

Durant une année, Aurélien Lepetit a compilé les données liées à son sommeil, des données qu’il a ensuite retranscrites sous forme d’une tapisserie réalisée artisanalement. Cette pièce, qui a demandé un effort quotidien, est également une invitation à la réflexion sur la pression productiviste à laquelle sont confrontés les artistes.  

Miguel Peñaranda Olmeda

Originaire de Cuenca, en Espagne, Miguel Peñaranda Olmeda est installé en Belgique depuis 2015, où il a obtenu dans un premier temps un master à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers avant de se professionnaliser dans les champs artistiques de la performance et de la sculpture, en parallèle de sa carrière de costumier. Au cœur de sa quête artistique, on retrouve ses questionnements sur le pouvoir patriarcal, la masculinité et la violence – des notions qu’il cherche à démanteler symboliquement dans un travail conceptuel où il interagit directement avec le public. En s’inspirant de l’ordinaire, qu’il reproduit et altère par le biais performatif ou sculptural, il y recherche une forme de catharsis poétique. L’artisanat textile est l’une des méthodes qui lui permettent de tisser des liens entre ses interrogations et son travail, lequel a déjà été présenté au Viernulvier de Gand (Belgique), à la Casa Encendida de Madrid (Espagne) et au Textiel Museum de Tilburg (Pays-Bas), entre autres.  

Au centre de l’espace PuntWG, vous trouverez la pièce de Miguel Peñaranda Olmeda, à mi-chemin entre l’écriture poétique, dans sa langue maternelle, et le tissage. L’agencement conique du texte et la transparence du tissu poussent le visiteur à examiner l’œuvre sous tous ses angles, créant ainsi un mouvement continu entre la pièce et son spectateur.  

Miguel Peñaranda Olmeda

A Propos

PuntWG est un espace d’exposition d’art contemporain situé dans l’ancien hôpital Wilhelmina Gasthuis à Amsterdam ; il fait partie de la Fondation atelierWG, laquelle a notamment mis en place le programme de résidences airWG.  

Informations Pratiques