Couple artistique franco-néerlandais et résidents à la Jan van Eyck Academie en 2020-2021 avec le soutien de l’Institut français des Pays-Bas, Marie Caye et Arvid Jense questionnent la technologie moderne et la façon dont les nouvelles entités artificielles peuvent créer des futurs alternatifs.
La Jan van Eyck Academie réunit chaque année près de 45 créateurs résidents de toutes nationalités. Comment avez-vous vécu cette expérience artistique internationale ?
« Travailler avec 45 participants de provenances variées mais aussi de domaines tout aussi divers est une expérience incroyablement enrichissante. Ce fut une très belle année d’écoute et d’apprentissage. Nous avons eu la chance de prendre part à un groupe ouvert et bienveillant où nous avons partagé nos méthodes, nos techniques, nos inspirations, nos cuisines, nos musiques et nos danses. »
Pensez-vous que le rapport de la société aux machines est identique en France et aux Pays-Bas ?
« Nos machines n’ont pas encore leur propre volonté mais elles assument une place indépendante dans la société humaine. Il y a une différence culturelle entre les deux pays de notre point de vue. Là où les Pays-Bas favorisent la découverte, le progrès et le futur, la France accorde beaucoup d’importance au patrimoine, aux traditions et à l’histoire. Relier ces deux penchants peut créer une conversation très intéressante. »
Vous travaillez de manière inclusive et vous avez expérimenté la musique non-humaine avec des cochons. Pourriez-vous nous raconter cette expérience ?
« Notre travail avec les cochons avait commencé avec l‘idée d’essayer de comprendre une autre espèce. Bien sûr nos sens et notre perception sont très différents de ceux d’un cochon mais avons-nous des choses en commun ? Notre ouïe par exemple, sur un spectre similaire peut être comparable. La recherche dans ce travail pour comprendre une autre espèce a été très stimulante. Nous avons par exemple confectionné un équipement pour nous transformer en cochon et passer du temps avec eux dans leurs enclos. Les techniques que nous avons apprises de ce travail pour considérer une autre perspective, nous continuons de les utiliser dans tous nos projets. »
Quel est selon vous le rôle des artistes dans la crise climatique et comment peuvent-ils s’engager pour notre planète ?
« Les artistes face à la crise climatique ont la possibilité de commenter et de documenter l’état du changement, et les écologies ou les formes de vies qui disparaissent. De par la culture nous avons aussi la possibilité de créer de nouveaux mythes, de nouvelles visions d’un monde en équilibre. En même temps, les artistes sont très bien placés pour conserver et propager les cultures et les savoirs ancestraux. »
Quels sont vos envies pour des projets futurs ? Envisagez-vous un retour en France ou souhaiteriez-vous continuer à travailler aux Pays-Bas ?
« Le travail sur lequel nous nous concentrons avec la technologie comme élément central n’a pas encore trouvé d’écho en France mais il serait très beau de rencontrer des communautés créatives françaises qui travaillent sur les mêmes sujets. Certaines trames de recherches notamment sur les mythologies et les langues perdues de ma région natale d’Auvergne me ramèneront peut-être un jour vers la France. »
À propos
La Villa van Eyck est une résidence artistique proposée par l’Institut français des Pays-Bas et la Jan van Eyck Academie à Maastricht, ouverte à des artistes de France qui souhaitent développer une recherche originale.
Biographie
Couple artistique franco-néerlandais et résidents à la Jan van Eyck Academie en 2020-2021 avec le soutien de l’Institut français des Pays-Bas, Marie Caye et Arvid Jense questionnent la technologie moderne et la façon dont les nouvelles entités artificielles peuvent créer des futurs alternatifs.
Informations
- Entretien : Marie Caye
- Programme : Villa van Eyck
- Résidence artistique : Jan van Eyck Academie
- Ville : Maastricht
- Site : arvidandmarie.com
- Avec le soutien de : Institut français des Pays-Bas
- Photo : Marie Caye © Sas Schilten Photography