Ugo Petronin, artiste en résidence 2025

Ugo Petronin explore les relations entre humains et non-humains et questionne les récits dominants à travers la cinématographie expérimentale. Il effectue sa résidence du Nouveau Grand Tour NL au Netherlands Institute for Advanced Study (NIAS) à Amsterdam du 7 juillet au 6 août 2025.

Diplômé de la Willem de Kooning Academy de Rotterdam en 2020, Ugo Petronin est un cinéaste et artiste visuel qui explore la régénération, la fluidité et la confusion dans les relations entre humains et non-humains. Son travail mêle la cinématographie expérimentale, l’imagerie scientifique et les méthodes participatives pour remettre en question les récits dominants et explorer le rôle du cinéma dans la médiation des transitions écologiques. Il navigue entre le documentaire, le cinéma spéculatif et les sciences. Ses projets actuels portent sur la relation homme-sangsue, la colonisation domestique et l’esthétique agroécologique dans le delta du Mékong au Viêt Nam. 

Projet de résidence

Au cours de sa résidence au Netherlands Institute for Advanced Study (7 juillet au 6 août 2025), Ugo Petronin a poursuivi le développement de Benevolences, un projet cinématographique qui interroge les liens entre la notion de « bienveillance » et les systèmes coloniaux en prenant pour point de départ les colonies néerlandaises de bienveillance – un projet de réforme sociale du XIXe siècle visant à réduire la pauvreté par la colonisation domestique agraire qui a influencé d’autres initiatives en France et en Angleterre. 

Le travail d’Ugo Petronin, artiste en résidence au NIAS Amsterdam, dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL 2025 © Institut français NL.

Entretien avec Ugo Petronin

Pourquoi avoir choisi de faire une résidence aux Pays-Bas ? 

Il y avait plusieurs raisons à ce choix. D’un côté, des raisons personnelles : cette résidence offrait un cadre pratique et compatible avec ma vie de famille aux Pays-Bas. De l’autre, des raisons liées à mon projet professionnel : je travaille sur les colonies de Bienfaisance (“Colonies of Benevolence” en anglais), un sujet profondément lié à l’histoire néerlandaise. Cette résidence me permettait de travailler au sein du NIAS, un institut d’études pionnier dans la recherche sur ces colonies, ce qui en faisait un contexte idéal pour développer mes recherches. 

Quels institutions, festivals et artistes t’ont particulièrement marqué durant ta résidence ?

Plusieurs éléments m’ont marqué pendant la résidence. D’abord, les lectures que j’ai pu faire m’ont permis de mieux explorer des notions complexes comme le colonialisme et l’histoire de la bienfaisance, qui était au cœur de mon projet. La projection d’Hiroshima mon amour au Eye Filmmusem a aussi été une expérience marquante — notamment le début du film, très intense, qui a fait écho à mes réflexions sur les ambiguïtés de la bienfaisance, du « désir de bien faire ».

J’ai également pu rencontrer une ancienne chercheuse du NIAS qui a écrit sur les colonies de Bienfaisance et avec qui un projet de documentaire est en cours de discussion. Enfin, les échanges avec Dylan Altamiranda [artiste en résidence au NIAS dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL], ainsi qu’avec les autres “fellows” au NIAS, ont été très enrichissants. Leurs perspectives de recherches et de travail, notamment sur la colonisation en Indonésie, m’ont permis de réfléchir à l’interdisciplinarité non pas comme une juxtaposition de disciplines, mais comme une collaboration vivante — et à la manière dont mon travail peut trouver sa place dans ce dialogue. 

Comment ton projet artistique a-t-il évolué au cours de ta résidence ? 

Mon projet est né d’un intérêt pour les colonies de Bienfaisance, avec l’objectif de poser les bases théoriques et conceptuelles d’un long métrage.  Au fil de la résidence, j’ai approfondi mes recherches sur la notion de bienfaisance en la replaçant dans son contexte historique et colonial. J’ai retracé son évolution depuis les penseurs des Lumières, comme David Hume, jusqu’à son instrumentalisation dans les projets coloniaux. Cette exploration m’a ensuite conduit à observer comment différentes formes de “bienfaisance” réapparaissent aujourd’hui dans la définition des cadres éthiques de l’I.A et dans l’influence croissante des multinationales sur la vision globale de l’agriculture régénératrice. Le projet s’est ainsi élargi, en reliant histoire coloniale et enjeux sociétaux actuels. 

Pourquoi as-tu souhaité réaliser une résidence dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL ?  

Réaliser une résidence dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL a été une expérience à la fois constructive et stimulante. Elle m’a permis de considérer l’écriture et la recherche comme des pratiques artistiques à part entière. J’ai pu prendre du recul sur mes méthodes de travail, notamment en réalisant des cartes conceptuelles. C’était la première fois que je pouvais observer mes processus de création avec autant de clarté.  

Partenaires

  • Coordonné par : Ambassade de France aux Pays-Bas, Institut français NL, France-Nederland Cultuurfonds
  • Crédits photo de couverture : Ugo Petronin