Antoine Moulinard, artiste en résidence 2025

Artiste plasticien, Antoine Moulinard crée des objets fantastiques au sein d’installations et sculptures en céramique, formant un univers queer, unique et provocateur. Il effectue sa résidence du Nouveau Grand Tour NL au European Ceramic Work Centre à Oisterwijk du 27 mars au 18 juin 2025.

Diplômé en 2023 de l’atelier céramique de l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, Antoine Moulinard est un sculpteur établi à Bruxelles. Il déploie son travail plastique à travers une pluralité de sujets rassemblés par la quête d’une joie queer émancipatrice et militante. Il puise dans une imagerie fantastique issue du Moyen Âge, mais aussi dans les champs du domestique bourgeois ou encore de l’art hors des canons institutionnels. Par la création d’objets fantastiques regroupés au sein d’installations, Antoine Moulinard crée un univers singulier et grinçant. 

Projet de résidence

Au cours de sa résidence au European Ceramic Work Centre (EKCW), Antoine Moulinard a développé une gamme d’outils et de moules bas-relief sur mesure, spécifiquement conçus pour sa pratique sculpturale en céramique qui s’appuie sur la réinterprétation d’objets traditionnels et de motifs ornementaux issus du folklore. Son approche s’est décliné en plusieurs étapes pour explorer le potentiel technique et conceptuel de l’outil : analyser des moules historiques, notamment ceux issus des traditions néerlandaises et flamandes (moules à spéculoos), créer une gamme d’outils intégrant ses propres motifs et récits, et expérimenter différents matériaux et procédés pour optimiser leur usage. Il a également approfondi ses recherches sur les procédés de moulage, notamment en hybridant la fabrication artisanale et numérique. 

Œuvre réalisée par l’artiste Antoine Moulinard au cours de sa résidence à EKWC dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL © Antoine Moulinard

Entretien avec Antoine Moulinard

Pourquoi avoir choisi de faire une résidence aux Pays-Bas ? 

À EKWC, je travaille au sein d’une communauté d’artistes internationaux, dont plusieurs établis aux Pays-Bas, ce qui m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la scène artistique locale. Contrairement à la France ou à la Belgique, où je suis basé, le secteur y est moins centralisé, mais les institutions disposent de moyens importants. Cela m’a donné envie de développer davantage de collaborations avec les Pays-Bas, un territoire que j’avais peu exploré jusque-là. Même si je ne parle pas néerlandais, je suis convaincu que l’anglais permet de créer de premiers liens. La résidence a été une excellente porte d’entrée, et je suis certain que les connexions initiées vont se renforcer avec le temps. Je ne m’attendais pas à autant aimer le pays — la beauté d’Oisterwijk, la nature environnante, la météo clémente et la bienveillance des Néerlandais ont largement contribué à cette expérience très positive.

Quels institutions, festivals et artistes t’ont particulièrement marqué durant ta résidence ?

Ce qui m’a le plus marqué pendant la résidence, ce sont avant tout les liens humains tissés avec les autres artistes. La cohabitation à 16 au sein d’un même lieu, avec un bel équilibre entre intimité et vie collective, a favorisé des échanges riches et sincères. En parallèle, j’ai participé à une exposition au Centraal Museum à Utrecht, qui s’est tenue au même moment que la résidence. Ce projet, initié en dehors du Nouveau Grand Tour NL, a renforcé mon ancrage local. Je le vois comme le début d’un processus, une première étape qui, je l’espère, mènera à d’autres collaborations avec de nouvelles institutions culturelles.

Comment ton projet artistique a-t-il évolué au cours de ta résidence ? 

Pendant la résidence, j’ai inversé ma manière habituelle de travailler : j’ai commencé par créer les œuvres que j’avais en tête, sans passer par les échanges préalables avec une institution qui pourrait les accueillir. C’était une manière de travailler plus directe, rafraîchissante, et qui, je l’espère, facilitera la diffusion du projet. Présenter une œuvre finalisée, avec des visuels concrets, me semble plus efficace que de proposer des intentions abstraites. Je vois cette démarche comme celle d’un musicien qui compose d’abord son album, puis cherche à le diffuser. Je ne sais pas encore comment le projet sera reçu, mais cette méthode m’a permis de produire avec sincérité, et je suis curieux de voir où cela mènera.

Pourquoi as-tu souhaité réaliser une résidence dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL ?  

J’avais découvert la structure de résidence EKWC durant mes études à La Cambre (Belgique), dans le cadre d’un programme réunissant plusieurs écoles francophones européennes. Cette première expérience, bien que brève, m’a laissé une forte impression : la qualité des infrastructures et l’environnement de travail m’ont donné envie d’y revenir. En explorant les opportunités de résidence, j’ai vu qu’EKWC collaborait avec le Nouveau Grand Tour NL, que je connaissais déjà via sa version italienne. L’idée de combiner l’accompagnement par l’Institut français NL avec un lieu de création aussi stimulant m’a immédiatement convaincu. J’ai postulé une première fois sans succès, mais j’ai retenté ma chance — et ma candidature a été retenu lors du deuxième appel à candidatures. Je suis très heureux d’avoir persévéré. 

Partenaires

  • Coordonné par : Ambassade de France aux Pays-Bas, Institut français NL, France-Nederland Cultuurfonds
  • Crédits photo de couverture : Raphaël Massart