Diplômée en 2021 des Beaux-Arts de Nantes, Claire Bodin Villanneau est une artiste pluridisciplinaire qui travaille sur la fragmentation du corps à travers le dessin, la fresque et le bas-relief. Sa pratique s’articule autour de la figuration du corps et la potentialité du portait et de l’inachevé. Elle aborde le geste du dessin comme une façon d’explorer et de troubler la frontière fine qui sépare le dessin de la sculpture. Elle se revendique « Faiseuse de formes » dans sa manière d’investir l’espace par des installations in situ, envahissant sols et plafonds.
Projet de résidence
Au cours de sa résidence au Drawing Centre (1er avril au 30 juin 2025), Claire Bodin Villanneau a exploré les manières dont elle peut faire transparaître le geste du dessin pour repousser la frontière entre dessin et sculpture, entre 2D et 3D. Elle a échangé avec les habitants du territoire sur leur rapports avec leur corps pour expérimenter une série de dessins qui seront travaillés comme des « dessins-sculptures ».

Entretien avec Claire Bodin Villanneau
Pourquoi avoir choisi de faire une résidence aux Pays-Bas ?
Lorsque j’ai pris connaissance du programme du Nouveau Grand Tour NL, j’ai été attirée par l’opportunité de collaborer avec le Drawing Centre. J’avais envie d’approfondir mon travail autour du dessin, en particulier dans sa dimension sculpturale. Pendant la résidence, je suis allée à la rencontre des habitants du territoire pour échanger avec eux sur leur rapport au corps. Ces échanges ont nourri une série de « dessins-sculptures » réalisés par gaufrage. Comme mon travail explore déjà la relation entre le dessin, la sculpture et le portrait fragmenté, j’ai senti que cette résidence pouvait vraiment enrichir ma pratique. Travailler avec des personnes d’une autre culture m’a permis d’ouvrir de nouvelles pistes et de pousser mes recherches encore plus loin.
Quels institutions, festivals et artistes t’ont particulièrement marqué durant ta résidence ?
Les artistes qui m’ont particulièrement marquée sont ceux que j’ai rencontrés sur place, lors de ma résidence. Certains réalisaient eux aussi une résidence au même moment, d’autres participaient à l’exposition collective organisée par le Drawing Centre, dont Lenneke Van Der Goot, Fiona Lutjenhuis, Jochem Mestriner, Dakota Magdalena Mokhammad, etc. Cette résidence a également été l’occasion de découvrir l’atelier de lithographie et de gravure du Basement Press à Diepenheim. Sur place, j’ai pu, avec les techniciens, réaliser des tirages, ce qui a enrichi ma pratique du dessin. Grâce aux rencontres professionnelles organisées, j’ai aussi découvert d’autres institutions et curateurs de la scène néerlandaise, comme la biennale h3h ou les programmes de l’Académie Jan van Eyck à Maastricht.
Comment ton projet artistique a-t-il évolué au cours de ta résidence ?
Au fil de la résidence, mon projet a évolué de façon fluide mais marquante. Au départ, je voulais explorer la frontière entre dessin et sculpture, tout en poursuivant ma recherche autour des « Portraits en fragments ». Mais au gré des échanges sur place, et grâce aux moyens techniques ainsi qu’au temps de production mis à disposition, le projet a gagné en ampleur. En travaillant avec le Basement Press, j’ai découvert que je pouvais enrichir mes gaufrages en les combinant à des impressions sur tétra pak. Puis, en créant les premiers bas-reliefs sur les murs, j’ai commencé à envisager l’espace d’exposition lui-même comme un prolongement du dessin. L’installation a ainsi pris une dimension plus monumentale, intégrant pleinement l’architecture du lieu, pensé lui aussi comme un dessin.
Pourquoi as-tu souhaité réaliser une résidence dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL ?
Avant de postuler au programme du Nouveau Grand Tour NL, j’avais déjà eu la chance de participer à celui proposé en Italie. Cette première expérience m’avait énormément apporté sur le plan professionnel : travailler au sein d’une autre culture, en lien direct avec les acteurs locaux de la scène artistique, m’avait permis à la fois de repousser mes limites et d’approfondir ma pratique. Mon travail avait alors gagné en complexité. J’ai eu envie de renouveler cette dynamique aux Pays-Bas, et plus particulièrement avec le Drawing Centre. Le programme tombait à un moment clé de mes recherches, puisque je m’interrogeais depuis plusieurs mois sur la frontière subtile entre dessin et sculpture. Travailler avec cette structure m’a permis d’explorer ces questionnements dans un cadre idéal.
Partenaires
- Coordonné par : Ambassade de France aux Pays-Bas, Institut français NL, France-Nederland Cultuurfonds
- Crédits photo de couverture : Claire Bodin Villanneau


