Diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy en 2023, Léa Paintandre est une artiste sonore et compositrice qui explore la physicalité du son à travers des installations in situ et des performances immersives. Elle travaille la musique acousmatique et l’écologie sonore et compose pour le spectacle vivant et le cinéma, mêlant spatialisation et textures électroacoustiques. Son approche interdisciplinaire tisse des liens entre art, science et écoute, explorant les propriétés esthétiques, éthiques et sensorielles du son.
Projet de résidence
Au cours de sa résidence à Willem Twee Studios (1er au 30 avril 2025), Léa Paintandre a approfondi ses recherches sur la proprioception sonore en travaillant à partir d’enregistrements de la mer Méditerranée, réalisés aux alentours de Marseille, qui offrent un matériau riche pour explorer la façon dont le paysage sonore influe sur notre perception du corps et de l’espace.

Entretien avec Léa Paintandre
Pourquoi avoir choisi de faire une résidence aux Pays-Bas ?
« Le choix des Pays-Bas s’est imposé à moi pour plusieurs raisons. D’abord, il y avait un intérêt très concret lié à l’outil technique proposé dans le cadre de la résidence. Ce contexte m’offrait un terrain d’expérimentation idéal, en lien direct avec mes recherches sonores. Mais au-delà de l’aspect technique, j’avais aussi une vraie envie de découvrir la scène culturelle néerlandaise. Il y a notamment un festival que j’adore, Rewire, et j’avais envie de m’immerger dans cette dynamique artistique locale.
Enfin, ce choix s’inscrit aussi dans une continuité de mon parcours musical. J’ai été marquée par deux grandes écoles nées dans les années 60 : la musique électroacoustique française, avec des institutions comme l’IRCAM ou le GRM, et l’école de Cologne, en Allemagne, qui a fortement influencé les Pays-Bas. Ces deux courants ont façonné ma compréhension de la synthèse sonore. Effectuer une résidence à Willem Twee Studios m’a permis de relier ces influences, d’avoir une vision plus globale de ces esthétiques, et de découvrir des approches de la synthèse que je connaissais moins. »
Quels institutions, festivals et artistes t’ont particulièrement marquée durant ta résidence ?
« Le festival Rewire a été un moment fort lors de ma résidence. Il m’a permis de découvrir une scène musicale riche et engagée, et de me sentir connectée à une communauté artistique plus large. J’ai eu l’occasion d’échanger brièvement avec l’artiste Sébastien Robert [artiste en résidence du Nouveau Grand Tour NL 2024], ce qui m’a permis d’avoir un aperçu de sa démarche. J’ai aussi parlé avec l’artiste Aho Ssan après son concert — un moment court mais inspirant. Au-delà des artistes, ce sont surtout les personnes qui animent le studio de résidence qui m’ont marquée. J’ai pu observer leur implication, comprendre leurs pratiques, et voir comment elles s’inscrivent dans le tissu culturel local. Ces échanges ont été essentiels pour moi, car ils m’ont permis de mieux saisir la dynamique artistique des Pays-Bas. »
Comment ton projet artistique a-t-il évolué au cours de ta résidence ?
« Je suis arrivée avec une idée assez précise : travailler à partir de sons sous-marins. Mais au fil de la résidence, cette intention a évolué. Finalement, j’ai très peu utilisé ces sons. À la place, j’ai réalisé de nombreux enregistrements d’orgue et mené des expérimentations en lien avec les équipements disponibles sur place. Cette liberté d’exploration m’a permis de faire évoluer mon projet bien au-delà de ce que j’avais imaginé. Plus qu’un résultat concret immédiat, cette expérience m’a offert des outils pour structurer mes idées, enrichir mes méthodes de composition, et envisager autrement le lien entre technique et création. C’est cette transformation en profondeur qui, pour moi, constitue l’un des apports les plus précieux de la résidence. »
Pourquoi as-tu souhaité réaliser une résidence dans le cadre du Nouveau Grand Tour NL ?
« Ce qui m’a particulièrement plu dans le modèle du Nouveau Grand Tour NL, c’est l’absence d’obligation de production finale. C’est rare — et précieux — d’avoir un mois entier sans contraintes matérielles, sans pression de production, et sans les interruptions du quotidien. Ce cadre m’a offert un véritable espace de respiration, propice à la réflexion, à l’émergence d’idées, et à leur évolution dans le temps. Et c’est justement cette liberté qui m’a permis de m’éloigner de mes intentions initiales, de me perdre un peu, puis de revenir à l’essentiel avec un regard nouveau. J’ai trouvé cela extrêmement stimulant. »
Partenaires
- Coordonné par : Ambassade de France aux Pays-Bas, Institut français NL, France-Nederland Cultuurfonds
- Crédits photo de couverture : Mattea Riu


