Boek Lab#28 : la sélection de mai par les librairies de Londres, Amsterdam et Barcelone (L.A.B)

Notre Boek-LAB #28 vous propose de découvrir la sélection de mai des librairies françaises de Londres, Amsterdam et Barcelone.

Spinoza Code
Mériam Korichi

 Seuls deux des sept ouvrages de Spinoza ont été publiés de son vivant : Les Principes de la philosophie de Descartes (1663) et le Traité Théologico-Politique (1670), publié de façon anonyme. En 1674, Spinoza termine L’Éthique, un traité qui révolutionnera la philosophie et les sciences humaines. Le philosophe meurt en 1677. L’Éthique, rédigée en latin, fruit d’un travail considérable de près de quinze années, ne sera publiée qu’au lendemain de sa mort. Spinoza Code raconte l’incroyable et rocambolesque histoire du seul manuscrit existant de L’Éthique. Le philosophe, qui remet en cause les fondements mêmes des religions et de l’origine du monde, est menacé de mort. Il décide donc de ne pas publier L’Éthique et la fait copier, dans un format dit de poche, qu’il confie au baron Ehrenfried Walther von Tschirnhaus, un jeune et brillant mathématicien allemand, acquis à sa cause. Ce faisant, il a l’espoir que Tschirnhaus, lors de son « Tour d’Europe », parviendra à la faire publier dans un pays où la censure ne l’interdira pas. Puis, ce Codex, dont l’existence est pourtant bien connue, disparait. Ce n’est que plus de trois siècles après la mort de Spinoza, en 2010, que le manuscrit est retrouvé. Où cela ? Au Vatican, dans les archives de l’Inquisition. Comment L’Éthique démontrée suivant l’ordre des géomètres, est-elle parvenue jusque-là ? Mériam Korichi, professeure agrégée et docteure en philosophie, mène l’enquête, et quelle enquête!  Grâce à un formidable travail d’archiviste, l’autrice montre comment, au cours d’un long périple, l’habile Tschirnhaus tente de gagner à la cause spinozienne les savants de son temps. C’est dans la quatrième et dernière partie du livre que l’on découvre comment et pourquoi le Codex s’est perdu parmi les centaines de milliers d’ouvrages de la bibliothèque vaticane. Le Code Spinoza , construit comme un palpitant roman policier, réjouira philosophes et passionnés d’histoire.

Pierre-Pascal Bruneau 
Le Temps Retrouvé (Amsterdam)

Le Barman du Ritz
Philippe Collin    

Vous connaissez sans doute, grâce à France Inter, la voix de Philippe Collin et sa passion, érudite, pour l’histoire. Il nous propose cette fois un roman ; bien-sûr, c’est un roman historique. L’auteur nous invite à revivre l’Occupation d’un point de vue particulier. En effet, le personnage principal du roman est une figure centrale du fameux palace, le Ritz : Frank Meier, son non moins célèbre barman. Le Ritz, pendant toute cette période, a continué à recevoir artistes et intellectuels, ainsi que les grandes figures de l’armée allemande. On croise donc, entre autres, Guitry, Arletty, Gabrielle Chanel, mais aussi Ernst Jünger, Otto von Stülpnagel ou … Görin. Philipe Collin mêle très habilement les données historiques et la création littéraire. Dans ce presque huis clos, il reconstitue l’époque avec précision et efficacité. Les grands faits sont connus, inutile de s’appesantir. Frank Meier, personne réelle, ancien combattant, dont nul ne sait qu’il est juif, se retrouve témoin de premier ordre. Il se révèle un personnage de roman complexe et attachant. Découvrant, au cours de la narration, les pages de son journal, le lecteur vit ces années où chacun tente d’exister, entre peur et courage. Une réussite, un roman captivant, et utile en ces temps troublés !

Véronique Fouminet
Le Temps Retrouvé (Amsterdam)

Roman fleuve
Philibert Humm

Une descente de la Seine de Paris à la mer en Kayak, un récit désopilant que nous ne pouvons pas lâcher. Ce périple, les trois jeunes gens l’ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l’ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps. Il en résulte un roman d’aventure avec de l’action à l’intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. En ouvrant le livre, à la première page, on voit que ce livre est dédié, « À mon oncle Agathe », le ton est donné… Il ne se passe rien d’exceptionnel dans le livre. Avec un français remarquable, usant des figures de style, des temps verbaux improbables de nos jours, de l’imparfait du subjonctif au passé simple, avec un ton fausement futile l’auteur réussit à nous maintenir en haleine jusqu’à la dernière page. L’auteur ne se prend pas au sérieux, sans autocomplaisance, il est drôle et cynique aussi. « Je suis assez insensible aux grandes douleurs humaines, celles des autres en particulier ». Entre citations de Kant, banalités qui n’en sont pas, Il nous mène dans ce reportage, ce récit de voyage, au second degré, avec un humour proche de son homologue anglais “Trois hommes dans un bateau” de Jerome K. Jerome. Récit décalé et absurde, ode à l’amitié, guide de voyage aussi, on se laisse porter par la légèreté et le manque de choses “importantes” qui s’y passent, il est néanmoins impossible de le refermer avant la fin.

Montse Porta
Llibreria Jaimes (Barcelone)

La vérité sort de la bouche du cheval
Meryem ALAOUI

Jmiaa exerce la profession de prostituée à Casablanca dans des conditions plus ou moins précaires dont elle s’accommode, comme tout le monde autour d’elle.  C’est que Jmiaa est mère d’une petite fille, elle est aussi la petite amie de Chaïba, l’amie de Halima, elle appartient à un quartier. Sa vie ne se résume pas, pas même à ses drames qui sont nombreux et, pour vivre, elle se sert de ce qu’elle a. C’est elle-même qui le dit. Si le roman se présente sous la forme d’un journal, le ton est assez éloigné de celui qui constitue l’introduction de cette petite chronique. Il est cru comme la vie et les personnes qui la composent ; Halima qui étudie le Coran entre deux passes et puis les clients, le minable, le frustré, l’esseulé, le fils de pute, le juste là…Mais enfin, celui qui veut du miel doit supporter la morsure de l’abeille, nous dit Meryem ALAOUI. Des morsures et du miel, voilà qui pourrait résumer ce magnifique premier roman.

Christian Vigne
Llibreria Jaimes (Barcelone)

La piste du vieil homme 
Antonin Varenne 
 

À Madagascar, Simon, vieux baroudeur expatrié en délicatesse avec sa famille vivote entre ses activités de mécanicien et de guide touristique. Alors qu’il n’a plus de contact avec ses enfants, il recoit une lettre de sa fille l’informant de la présence de son frère sur l’ile depuis un an et de sa mystérieuse disparition. Simon découvre que son fils est pourchassé par des dealers et part à sa recherche en traversant le pays dans des conditions rocambolesques. Ce récit évoque magnifiquement les relations parents-enfants, la transmission et les multiples pistes que nos chemins peuvent suivre, aussi bien pour nous éloigner que pour nous réunir. Un texte également édifiant pour découvrir Madagascar, sa situation politique et économique préoccupante ainsi que le courage de ses habitants.

Emma Liebert 
Librairie La Page (Londres)

Nos armes
Marion Brunet

En 1995, la révolte gronde dans les villes de France face aux nouvelles mesures prises par le gouvernement. Mano, Axelle, Jicé, Nacer, Charly et Paola, jeunes adultes en rupture familiale, rêvent d’un autre monde, plus équitable qui donnerait un vrai sens à leur vie de révolutionnaires activistes. Ils vivent dans un squat ou ils préparent leurs coups pour financer cette lutte à laquelle ils croient beaucoup. Sans que les autres soient au courant, Mano et Axelle s’aiment et cet amour va mettre en péril le groupe malgré elles. Malheureusement, lors du braquage du Crédit Lyonnais, mal préparés face à une police armée et très active, Nacer trouve la mort et Jicé et Mano sont inculpés pour meurtre et envoyés en prison ou ils vont vivre l’enfer. Axelle est incarcérée pendant 25 ans et Mano, qui arrive à s’enfuir avant l’arrivée de la police, doit sa survie à l’attente de la libération d’Axelle et dans l’espérance de leurs retrouvailles. 25 ans plus tard, alors que Mano campe dans une caravane dans le sud de la France, une femme qui ressemble à Axelle demande après elle. Est-ce le temps de la réconciliation ou des reproches ?

Philippe Francoual
Librairie La Page (Londres)

À propos

Le Temps Retrouvé
Amsterdam

Le Temps Retrouvé a été créée en septembre 2014. La librairie est située au 529 Keizersgracht, dans une vieille demeure du XVIIe siècle, au cœur du quartier historique d’Amsterdam. Librairie générale, Le Temps Retrouvé est la seule librairie exclusivement française des Pays-Bas. Elle offre un large choix de romans, nouveautés et classiques, bandes dessinées et romans graphiques, essais et biographies, policiers et littérature de l’imaginaire et poésie. Une pièce entière est consacrée à la littérature jeunesse. Le Temps Retrouvé, en association avec la fondation l’Échappée Belle, et avec le soutien de l’Institut français des Pays-Bas, organise de nombreuses rencontres avec des auteurs français.

Librairie La Page
Londres

Depuis 1978, la librairie La Page permet à tous les francophiles de Londres de trouver des livres en français au cœur du quartier de South Kensington. Repaire de culture et d’histoires, la librairie s’est développée en 2015 en agrandissant sa surface de vente et en s’ouvrant à la vente en ligne pour répondre aux besoins des clients dans tout le Royaume-Uni. Ayant à cœur de mettre en lien les éditeurs, les auteurs et les lecteurs, la librairie La Page œuvre à une coopération renouvelée avec les Institutions francophones locales, notamment l’Institut Français, dans la promotion de la littérature francophone et des traductions de l’anglais.

Llibreria Jaimes
Barcelone

Llibreria Jaimes a été fondée en 1941 par Jaume Arnau Pericàs, imprimeur de profession et fils d’imprimeur, et son épouse Isabel. Leur amour des livres les a amenés à ouvrir la librairie alors qu’ils se trouvaient en pleine période d’après-guerre. Avec la proximité du Lycée Français et le contact constant avec les directeurs, les enseignants et les élèves, cela les a amenés à commencer à importer et à vendre des livres scolaires et de lecture de cette école.

Partenaires

  • Proposé par : Institut français NL ; Institut français Madrid ; Institut français du Royaume-Uni