Boek Lab#17 : la sélection d’avril par les librairies de Londres, Amsterdam et Berlin (L.A.B)

Notre Boek-LAB #17 vous propose de découvrir la sélection d’avril des librairies françaises de Londres, Amsterdam et Berlin.

Irréfutable essai de « successologie »
Lydie Salvayre

 
Lydie Salvayre, dont vous connaissez sans doute la fougue, nous offre un essai caustique, virulent et drôle ! Prétendant souscrire au genre du « manuel de développement personnel », elle expose sa démonstration en dix-huit chapitres, nourris de portraits ironiques, de conseils assénés, de règles de conduites mises en valeur par une amusante mise en page. Tout le monde est concerné : des différents types d’écrivains à la « Bookstagrameuse », supposée inculte, en passant par les hommes d’influence, les lecteurs et elle-même ! Évidemment, l’autrice est en colère, évidemment, ce monde des apparences et de la superficialité ne peut lui convenir ! Évidemment, cette satire est drôle… il faut la lire comme telle. Il est aussi intéressant d’y retrouver, en creux, ce qui fait la qualité de la plume et de la pensée de Lydie Salvayre : la fréquentation des grands auteurs, de l’antiquité à nos jours, le goût pour la langue et le grand style, l’amour de la culture. Le lecteur, régulièrement apostrophé, encouragé, se réjouit et s’agace, parfois se désole face à un portrait si cru du succès dans notre société. Heureusement, le dernier chapitre, intitulé « Mais » le rassure : une vraie littérature est possible !

Véronique Fouminet
Le Temps Retrouvé (Amsterdam)

La visite
suivi de
Les filles de nos filles
Anne Berest

Deux pièces de théâtre dédiées à la femme qui traitent de la difficulté d’être mère, d’être autre chose qu’une mère et de la difficulté pour une femme d’obtenir la reconnaissance de ses mérites.  La Visite est un long monologue. Une femme, une scientifique, une chercheuse, vient d’avoir d’un enfant. Cette naissance la perturbe et suscite une multitude de questions. En l’absence de son mari, la jeune femme parle de la maternité, de la vie des femmes, de leur reconnaissance, de tout ce qui fait une vie. On pense bien sûr à Marie Curie et aux difficultés qu’elle et sa fille (également Prix Nobel) ont eu à se faire accepter et à faire reconnaitre leur génie dans un univers scientifique dominé par les hommes ou à Elizabeth Badinter et son livre révolutionnaire, L’amour en plus (Flammarion, 1980) et à bien d’autres femmes exceptionnelles, sans lesquelles leurs géniaux maris ou compagnons n’auraient sans doute pas été ce qu’ils sont devenus. 
Les filles de nos filles est un petit trésor de pièce de théâtre. Judith, une jeune femme débarque à l’improviste dans le vernissage d’une exposition de photographies. Philippe, le photographe, est célèbre est a le vent en poupe. Alors qu’il n’était qu’un jeune étudiant, a été l’amant de Judith. Le modèle des photos exposées pour ce vernissage c’est Judith. La pièce est superbement construite. De rebondissement en rebondissement, le passé surgit et « saisi le vif »

Pierre-Pascal Bruneau
Le Temps Retrouvé (Amsterdam)

Trois femmes disparaissent
Hélène Frappat 

Roman, biographie ou enquête, Trois femmes disparaissent pénètre au cœur de trois générations d’actrices dont l’histoire semble malgré elle se répéter. Tout d’abord la doyenne, Tippi Hedren égérie d’Alfred Hitchcock qui la consacrera dans Les Oiseaux et Pas de printemps pour Marnie. Une consécration en demi-teinte, puisque d’objet de désir, celle-ci deviendra objet de mépris pour s’être refusée à ce même Hitchcock qui la terrorisera. Vient ensuite sa fille, Melanie Griffith, également comédienne et qui ne sera pas non plus épargnée pour ses rôles de femme soumise dans les années 80, notamment dans Body Double de Brian de Palma. Nos yeux se posent ensuite sur Dakota Johnson, fille et petite-fille des deux actrices précitées, qui à son tour, sombrera dans le rôle de la femme courbée avec Cinquante nuances de Grey. En sondant la carrière de ces trois femmes, Hélène Frappat se glisse dans la peau d’une détective non dénuée d’ironie pour nous livrer un exposé étonnant de leurs vies et des rôles qu’elles ont occupés. De fil en aiguille, se déploie un incroyable camaïeu de coïncidences troublantes qui vient rendre une justice méritée à ces femmes « disparues » pour avoir plié l’échine.

Mélanie Chanat
Zadig Buchhandlung (Berlin)

Les deux dormeurs 
Samy Langeraert 

Le héros anonyme de ce court récit mène une existence paisible autour de l’écriture. Les matins et la journée du lundi, celui-ci exerce sous la plume d’un rédacteur de publireportages pour une agence de voyages, puis le reste du temps comme poète dont l’inspiration trouve toute sa place dans un coin d’ombre de la cafétéria d’un centre d’art. À ces deux personnages vient s’en greffer un troisième, le « plumitif », celui dont la mission est de réfléchir à la vie, de témoigner du quotidien et de s’enthousiasmer pour un groupe de retraités portugais également habitués du lieu qui, tous les jours, se réunit à la même heure pour jouer aux cartes, mais aussi pour un tee-shirt à rayures à qui le poète dédit tous ses poèmes. Le temps s’étiole humblement, jour après jour, lentement, sous l’œil attentif, et parfois amusé, de ces auteurs qui n’ont rien en commun et pourtant se côtoient. Samy Langeraert prend le temps de regarder ce qui l’entoure, avec grâce et détachement, et il se dégage finalement un plaisir non feint à contempler ce qui, de prime abord, pourrait relever de tout et de rien. 

Mélanie Chanat
Zadig Buchhandlung (Berlin)

Croire. Sur les pouvoirs de la littérature
Justine Augier

Justine Augier retrace la naissance de sa vocation professionnelle et littéraire ainsi que de ses convictions politiques en opposition au personnage public de sa mère récemment décédée. Cette dernière fut numéro deux du Modem et éphémère Ministre des affaires européennes lors du premier mandat d’Emmanuel Macron. 
L’autrice, à travers des références à ses ouvrages précédents, tire un fil rouge qui souligne le rôle de la littérature en tant qu’engagement à la fois politique et spirituel et acte de résistance. 
Elle tente de retrouver sa mère à travers la lecture des livres qu’elle avait aimés, et réalise que ses combats et convictions sont finalement très proches des siens. 
Elle nous propose avec ce récit pudique sur le deuil et la transmission une émouvante célébration des vertus thérapeutiques de la lecture et de l’écriture. 

Emma Liebert 
Librairie La Page (Londres)

Là où règnent les baleines
Jolan C. Bertrand

Une rencontre entre Roanne, jeune adolescente de 15 ans victime de harcèlement, en pleine révolte contre sa mère et son oncle Kierzic, grincheux et solitaire qui vit en ermite dans un phare.  
Son oncle, victime de harcèlement dans son enfance est taciturne et allergique à la civilisation : sur terre et au contact des humains, il se dessèche. Il vit reclus dans un phare en ruine perdu au milieu de l’océan. Il semble porter un lourd fardeau qui l’amène à fuir tout humain, à commencer par sa nièce. 
En pleine nuit et en pleine tempête, Roanne croit entendre des voix enfantines depuis la mer. Intriguée, elle s’approche de l’eau malgré l’interdiction de son oncle et découvre ici-bas un monde sous-marin, habité par des créatures étonnantes, que personne n’a jamais exploré… Personne, vraiment personne ?  

Philippe Francoual
Librairie La Page (Londres)


À propos

Le Temps Retrouvé
Amsterdam

Le Temps Retrouvé a été créée en septembre 2014. La librairie est située au 529 Keizersgracht, dans une vieille demeure du XVIIe siècle, au cœur du quartier historique d’Amsterdam. Librairie générale, Le Temps Retrouvé est la seule librairie exclusivement française des Pays-Bas. Elle offre un large choix de romans, nouveautés et classiques, bandes dessinées et romans graphiques, essais et biographies, policiers et littérature de l’imaginaire et poésie. Une pièce entière est consacrée à la littérature jeunesse. Le Temps Retrouvé, en association avec la fondation l’Échappée Belle, et avec le soutien de l’Institut français des Pays-Bas, organise de nombreuses rencontres avec des auteurs français.

Librairie La Page
Londres

Depuis 1978, la librairie La Page permet à tous les francophiles de Londres de trouver des livres en français au cœur du quartier de South Kensington. Repaire de culture et d’histoires, la librairie s’est développée en 2015 en agrandissant sa surface de vente et en s’ouvrant à la vente en ligne pour répondre aux besoins des clients dans tout le Royaume-Uni. Ayant à cœur de mettre en lien les éditeurs, les auteurs et les lecteurs, la librairie La Page œuvre à une coopération renouvelée avec les Institutions francophones locales, notamment l’Institut Français, dans la promotion de la littérature francophone et des traductions de l’anglais.

Zadig Buchhandlung
Berlin

Ouverte depuis 2003, la librairie Zadig se situe au cœur du quartier historique de Berlin Mitte. Entre tradition et modernisme, Zadig incarne tantôt avec sérieux, tantôt avec malice, le cosmopolitisme et l’esprit humaniste de son auteur. Dans un Berlin multiculturel, l’ambition de la librairie Zadig est d’incarner la diversité de la francophonie de la manière la plus exhaustive possible, en offrant un choix de qualité et en temps réel des nouveautés éditoriales. Avec un intérêt particulier pour les thématiques franco-allemandes, elle a pour vocation d’être un forum de rencontres et d’échanges entre les différents membres de la communauté francophone et francophile de Berlin par le biais de rencontres publiques contribuant à la richesse du paysage culturel et littéraire de langue française.


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  • Proposé par : Institut français NL ; Institut français d’Allemagne ; Institut français du Royaume-Uni